jeudi 4 août 2011

Réaction de l'ARVD à la vente du Cellier de Morimond



En ville, à la fin du mois de juin, c’était la braderie. Le Conseil municipal du 27 juin s’était mis à l’unisson, en inscrivant à son ordre du jour une nouvelle aliénation du patrimoine monumental public de Dijon : celle du cellier de Morimond, derrière la place Emile Zola (1, Cour Madeleine).

Ce bâtiment exceptionnel, inscrit à l’inventaire des Monuments historiques en 1947, avait été acquis par la ville en 1982. Il se distingue surtout par deux baies géminées en plein cintre tout à fait dignes de celles de l’hôtel Aubriot (lui aussi aliéné). Ces fenêtres donnent jour à une belle salle voûtée, vestige de l’ancienne maison de ville de l’abbaye haut-marnaise de Morimond, l’un des plus puissants monastères cisterciens du Moyen-Âge. Au-delà de son intérêt architectural, le cellier de Morimond est donc un écho important du rayonnement médiéval de Dijon, au même titre que le Petit-Cîteaux ou le cellier de Clairvaux. Cette vente surprend car on pouvait penser que la Ville avait pris la mesure de l’importance du patrimoine cistercien en rejoignant la Charte européenne des Abbayes et sites cisterciens lors du Conseil municipal du 31 janvier 2011.

Certes, le lieu était inutilisé depuis longtemps, certes, les Dijonnais ne seront pas directement privés d’un patrimoine auquel ils n’avaient pas accès antérieurement, mais il est regrettable de constater que cette vente est répertoriée dans la rubrique « Action foncière ». Après les pénibles cessions de l’hôtel Chambellan, de l’hôtel Aubriot, de la maison des Cariatides, un autre bâtiment de grand intérêt historique passe en main privée sans que l’on ait été capable de lui trouver un usage au service du public dijonnais.

L’acte de vente du cellier de Morimond n’est pas signé. Seule une mobilisation massive des Dijonnais attachés à un patrimoine qui leur appartient collectivement pourra empêcher la privatisation d’un monument médiéval qui mérite d’être redécouvert, à proximité de l’une des places les plus conviviales de Dijon.

mercredi 3 août 2011

Actualités du patrimoine dijonnais (parues dans le Bulletin N° 52)

Les statues de Dijon (suite…)

Des statues mutilées au jardin de l’Arquebuse

Au début du mois de janvier 2011, dans la nuit du 9 au 10, le groupe de statues des Trois Grâces a été mutilé. Cette sculpture de Louis-Joseph Moreau (1797-1855), abritée sous un petit temple rond, a été réalisée dans la première moitié du XIXe siècle pour le parc du château de Bessey-lès-Cîteaux. Don du chanoine Kir, elle avait été placée dans ce charmant environnement vers 1970. La municipalité de Dijon a porté plainte. (« Bien Public », mardi 11 janvier 2011).

Le Bareuzai restauré

Nous avions signalé dans le numéro 50 du Bulletin (printemps 2010) le sort malheureux de la statue du Vendangeur foulant le raisin de Noël-Jules Girard, place François Rude, victime d’un nettoyage trop intense. La patine été restaurée cet hiver par Antoine Amarger en accord avec le fond national d’Art contemporain et avec la commission interrégionale de restauration des musées de Bourgogne-Franche-Comté. Enlevée en janvier 2011, elle a retrouvé sa place et ses couleurs. Il ne reste plus qu’à restaurer le mufle de lion manquant de son socle.

La statue du duc Philippe-le-Bon

La statue était placée, dans le square des Ducs de Bourgogne, au pied de son logis et de la tour qui porte son nom. Elle est l’œuvre du sculpteur dijonnais et Grand Prix de Rome Henri Bouchard (1875-1960). Le sculpteur, après avoir rendu hommage à Claus Sluter (Cour de Bar), tient à commémorer le « Grand Duc d'Occident », fondateur de l'Ordre de la Toison d'Or, qui ne possède pas de tombeau sculpté comme ses prédécesseurs et dont il ne subsiste aucune représentation dans la ville. Bouchard expose au Salon des Artistes français de 1942 le plâtre de cette statue. L'Etat décide alors de commander la traduction en pierre pour la Ville de Dijon qui l'installe Place des Ducs. Exécutée en pierre de Pouillenay, d'une hauteur de 2,30 mètres, cette représentation originale de Philippe le Bon, caressant son collier de l'Ordre, ne sera installée à cet endroit qu'en 1955. La statue a été déplacée à l’extrémité du square près du pan de mur témoin de la démolition d’une maison de la rue de la Tonnellerie (actuelle place François Rude), l’arbre qui était son voisin a été protégé. Ces opérations provisoires s’expliquent par la nécessité de disposer d’espaces pour le chantier du Musée des Beaux-Arts. Le sort du square reste à définir, nous y reviendrons.

L’adhésion à la Charte européenne des Abbayes et sites cisterciens

Le conseil municipal du 31 janvier 2011 a voté l’adhésion de Dijon à cette Charte qui lie 150 sites européens, devenus en 2010 un « itinéraire culturel européen ». Dijon méritait d’y être représentée pour le monastère des Bernardines, pour les manuscrits de Cîteaux et pour le Cellier de Clairvaux. Bientôt un ouvrage décrira les sites adhérents et Dijon y figurera pour les Musées d’Art sacré et de la Vie bourguignonne (ancien monastère des Bernardines).

Les roseaux et Femme au miroir : deux peintures murales nouvelles, rue d’Auxonne

Elles sont exposées depuis le mois de janvier et ont été inaugurées le 3 mars dernier. La genèse très originale de ces deux réalisations mérite d’être rappelée : en 2007 des membres de l’association du Faubourg Saint-Pierre se mobilisent pour « habiller » le grand mur de l’entrée du Casino. Soutenus par le gérant du magasin, ils sont rejoints par l’Union commerciale Wilson.
Xavier Douroux le directeur du Consortium leur propose alors de devenir « nouveaux commanditaires », une action de la fondation de France qui permet à des citoyens, avec l’aide d’un médiateur culturel, d’entrer en contact avec un artiste contemporain, de dialoguer avec lui et enfin de lui passer une commande. La commission du quartier Chevreul-Parc décide, avec enthousiasme, en juin 2009, d’attribuer une partie de son budget à la réalisation de la future oeuvre. Entre temps le cinéma Eldorado et l’association des amis de l’Eldorado ont souhaité eux aussi exposer une œuvre contemporaine sur leur mur. Xavier Douroux propose alors de jumeler les deux projets en les confiant à un même artiste : Loïc Raguénès, un peintre confirmé qui vit à Dijon. Sa pratique picturale néopointilliste consiste à décomposer informatiquement des photos en leur appliquant une trame de demi-tons, puis à les peindre avec des teintes monochromes légères, accentuant encore la dimension abstraite de l’image.



Femme au miroir (impression sur bâche), installée sur le coté du cinéma Eldorado offre une version cinématographique contemporaine du tableau du Musée des Beaux-arts La Dame à sa toilette. L’Ecole de Fontainebleau présentait le portrait d’une belle inconnue, ici la femme au miroir c’est Nicole Kidman. Installée au 34 de la rue d’Auxonne, la fresque Les roseaux représente, en noir et blanc, au milieu de roseaux, une femme mystérieuse, sans visage. Un mystère qui invite le passant à laisser libre cours à son imagination.
Voulues par ceux qui vivent dans ce quartier, ces deux œuvres en soulignent l’identité culturelle liée à la présence dans la rue de Longvic du FRAC et du Consortium. Une identité qui s’affirmera encore plus en mai lorsque sera inauguré le Pôle d’art contemporain. Nous aurons l’occasion d’en reparler.

De nouveaux lustres à la cathédrale Saint-Bénigne

Posés le 19 décembre 2010, ils ont été commandés par la DRAC à Matali Crasset, designer française, née en Champagne en 1965 ; diplômée de l’Ecole nationale supérieure de création industrielle, elle a travaillé chez Philippe Starck, elle a reçu en 1997 le grand prix du design de Paris pour son œuvre personnelle, puis elle a créé son entreprise en 1998. Son travail est abondant et varié, allant de l’architecture d’intérieur à la création d’objets et de plusieurs luminaires. A propos de Saint-Bénigne, elle écrit :
« Travailler pour un monument historique est un défi passionnant. Travailler la lumière aussi. J'ai envisagé ce projet de création et de réalisation de 12 lustres comme celui d’un équilibriste et d’un passeur, en essayant de poser un fil entre patrimoine et contemporain ; en étant en retrait tout en mettant en valeur, en faisant acte de création, de contemporanéité, mais en restant au service du lieu et de son architecture (édifice cultuel historique dont les origines remontent au XIIIe siècle) et de sa spécificité en tant que lieu de culte accueillant des fidèles et du public.



Le projet se développe selon le cahier des charges dans la nef, le transept et le chœur de la cathédrale : un lustre majeur et onze lustres. J’ai souhaité créer des volumes avec peu de matière, c’est de cette nécessité qu’ait venu l’idée d’un dessin filaire quasi aérien dans lequel la lumière viendrait se réfugier. Lui donner un contenant tout en légèreté. La forme du lustre évoque une forme fluide (goutte) qui vient comme glisser le long de la chaîne et se stabiliser au-dessus des fidèles pour leur apporter la lumière. À l’image de la couronne ou roue de lumière et de l’encensoir qui sont des archétypes des cathédrales et symbolisent les rituels qui unissent les fidèles.
C’est une structure mêlant les formes classiques et contemporaines. Le centre (boîte de verre), comme diffuseur, renvoie dans son principe à des dessins de lanternes du XVIIIe siècle. Il est enveloppé de courbes extérieures au dessin plus contemporain. La lumière n’est magique que si on arrive à lui donner un espace de diffusion tout en subtilité. J’aime la lanterne car elle rappelle la domestication de la lumière, elle est comme contenue à l’état sauvage presque dans le corps qui la diffuse, elle devient espace et se disperse tout autour. Cette lanterne intérieure garde sciemment sa typologie pour mieux nous accompagner dans le temps. Son subtil chatoiement habille les arrêtes et met en valeur les facettes. Un objet presque évident. C’est un projet qui fonctionne sur la duplication, la répétition d’une forme. Répétition d’une même pièce dans l’espace, objet de la commande, et répétition d’un même module permettant de donner naissance à une autre forme. »
Voir http://blog.matalicrasset.com
Les deux grands lustres seront posés en avril 2011.

L’ouverture de l’hôtel Chambellan

Plusieurs d’entre vous se sont étonnés de ne plus pouvoir accéder à la cour de l’hôtel Chambellan, contrairement à ce que prévoyait l’acte de vente du bâtiment. Cette fermeture ne devrait être que provisoire et s’expliquerait par les nécessités du chantier de restauration. Nous souhaitons vivement qu’un affichage l’explique aux passants et surtout qu’une date de réouverture soit indiquée.

Les opalines de la rue Monge

Dans le numéro 46 du Bulletin (1er trimestre 2009) Monsieur Sonnet avait accepté d’évoquer le sort des opalines de l’ancienne charcuterie 26 rue Monge en levées en dépit de leur inscription à l’inventaire des monuments historiques (22 juin 1995). La DRAC a poursuivi le gérant de l’immeuble, et obtenu sa condamnation en première instance (sans que soit ordonnée la repose des opalines), un second jugement en 2010 fait à nouveau l’objet d’un appel. L’affaire reste donc en suspens.

A lire

Dans le Bulletin du CEM (centre d’études médiévales), 2010, n° 14, l’article de Vanessa Hontcharenko « l’hôtel Aubriot à Dijon, Côte-d’Or », p. 25-29. Il rend compte des reconnaissances faites avant les travaux que le nouveau propriétaire entreprendra à l’intérieur de l’hôtel et celui de Christian Vernou et Erica Gaugé « Sondage dans le chapitre de l’abbaye Saint-Bénigne de Dijon », p. 31-34. La revue est accessible en ligne : http://cem.revues.org/index 11499.html.

Dernière minute : la restauration des piliers de la place Wilson

Nous apprenons (14 avril 2011) que les pylones de la place Wilson vont être restaurés à l’identique entre juillet 2011 et le début de l’été 2012. Les pierres seront nettoyées ou remplacées, les pots à feu, œuvres de Dubois, seront reposés à leur emplacement d’origine. Ainsi la place Wilson retrouvera ses ornements les plus anciens, qui connurent une très grande vogue, au point d’être une image emblématique de la ville, si l’on en juge par le nombre considérable des affiches et des cartes postales anciennes qui les représentent. Rappelons que l’ARVD avait attiré l’attention de la municipalité sur l’état alarmant de ces pilastres privés de leurs couronnements depuis plusieurs années (voir l’article du bulletin n° 38, 2ème trimestre 2006), nous avions alors obtenu l’assurance que des travaux de restauration seraient entrepris. Ils le sont cinq ans après, nous en sommes très heureux.

A voir

Une nouvelle présentation pour les pleurants du tombeau de Philippe le Hardi. La salle des tombeaux est actuellement fermée à cause des travaux de rénovation du Musée des Beaux-arts, les pleurants du tombeau de Jean sans Peur sont aux Etats-Unis. La présentation, outre le soin scientifique, se signale par la beauté du résultat qui ferait presque regretter la future remise en place… Le parcours des salles des œuvres médiévales et renaissantes, forcément réduit, confronte le visiteur à de très belles œuvres dont certaines sont familières et d’autres se redécouvrent à l’occasion. C’est donc un autre (et fugitif) musée dont il faut profiter.

Les œuvres d’art contemporain de France Télécom Orange.
A L’occasion du déménagement des locaux de l’entreprise, les œuvres d’art acquises au titre du 1% culturel seront exposées jusqu’en décembre 2011 au foyer de l’Auditorium. Parmi elles, se trouvent une Composition abstraite de Vera Pagava dont nous avons évoqué le travail à Saint-Joseph de Dijon dans de précédents numéros et Outrenoir une huile et acrylique de Pierre Soulages. Cette collection était inconnue du public jusqu’ici, l’occasion de la voir est donc précieuse.

mardi 2 août 2011

Le Bulletin du Renouveau du Vieux-Dijon numéro 52 (2011)



Le Bulletin du Renouveau du Vieux-Dijon numéro 52 est sorti !

Sommaire :

- Publications et cotisations

- Programme du second trimestre 2011

- Actualités du patrimoine dijonnais

- La façade de l'hôpital Notre-Dame de la Charité par Yves Beauvalot

- Quel avenir pour le patrimoine dijonnais par Christine Lamarre


Les bulletins anciens sont disponibles au siège de l'Association au prix de : numéros 13 à 41 : 2 € / numéros 42 et suivants : 4 €

En page de couverture : Détail de la façade de la chapelle de l'Hôpital général - Conception et réalisation : Thérèse et Daniel Dubuisson

lundi 1 juin 2009

Communiqué de presse de l’Association pour le Renouveau du Vieux-Dijon : Non à la vente de la Maison des Cariatides !


« L’Association pour le Renouveau du Vieux-Dijon tient à exprimer son inquiétude devant la mise en vente d’un nouveau fleuron du patrimoine historique dijonnais : la célèbre Maison des Cariatides de la rue Chaudronnerie. L’annonce du passage en mains privées des Hôtels Aubriot et Chambellan, il y a un an, avait suscité une vive émotion dans notre ville. Nul doute qu’il en sera de même face à la cession de ce bel immeuble du XVIe siècle, emblématique du Dijon ancien. Le Conseil municipal en a voté le principe le 11 mai dernier, et l’appel à projets arrive bientôt à échéance. N’y aura-t-il vraiment aucun projet culturel pour triompher d’une banale et réductrice transformation en logements ? L’exposition d’histoire urbaine si appréciée qui occupait le rez-de-chaussée ne sera-t-elle remplacée par aucune initiative à caractère patrimonial ? Il est étrange que la Ville, jusque là propriétaire, refuse d’envisager la solution pourtant si satisfaisante du bail de longue durée, qui permettrait de ne pas faire peser les charges d’entretien sur la collectivité, tout en assurant le principe de la propriété publique des lieux les plus significatifs de la cité. Toute aliénation d’un monument classé est une perte grave pour la communauté des habitants dans son entier, et la multiplication des initiatives prises en ce sens soulève bien des questions pour l’avenir. »


e-mail : contactdijonpatrimoine@gmail.com
blog : http://dijon-patrimoine.blogspot.com

mardi 21 octobre 2008

Signez la pétition contre la vente des hôtels Aubriot et Chambellan





Lors de sa séance du 30 juin 2008, le Conseil municipal de Dijon a autorisé le maire à vendre à un particulier deux bâtiments situés aux nos 34-36 et 40 de la rue des Forges et 5 rue Musette. Cela n’aurait rien d’anormal si ces bâtiments n’étaient les Hôtels Chambellan et Aubriot, deux des demeures les plus anciennes et les plus prestigieuses du Vieux Dijon.


Les signataires tiennent à exprimer leur totale réprobation face à cette dilapidation du patrimoine historique de la cité.


- Ils refusent que ces deux Hôtels les plus admirés de Dijon, représentant pour de nombreux visiteurs les véritables emblèmes de la ville et de son patrimoine quittent le domaine public. La façade de l’hôtel Aubriot, l’escalier de l’hôtel Chambellan ont été reproduits sur de nombreuses couvertures de livres, brochures et dépliants consacrés à Dijon, il n’y a pas un présentoir de cartes postales où on ne les voie.


- Ils jugent incohérent qu’au moment même où Dijon va obtenir le label « ville d’art et d’histoire », elle se défasse d’édifices majeurs de son patrimoine dont l’un a abrité son Office de Tourisme pendant des années. Il y a là une démission inacceptable, au moment même où la plupart des grandes villes de province considèrent comme un devoir de reconquérir leurs monuments anciens.


- Ils ne croient pas que les promesses de maintenir l’accès libre à la cour et à l’escalier de l’Hôtel Chambellan, tel qu’il se pratique depuis des années au bénéfice d’innombrables visiteurs, soient fiables à long terme. En d’autres temps, un accès avait été promis aux souterrains du Château en échange d’un autre déclassement, on sait ce qu’il est advenu de cette promesse…


- Ils s’inquiètent des atteintes à l’intégrité des structures intérieures que ne manquerait pas de provoquer la transformation des deux Hôtels en immeubles de rapport.


- Ils s’indignent enfin que les dernières volontés de Stephen Liégeard, dont le testament porte legs à la Ville de l’Hôtel Aubriot, soient bafouées.


Pour toutes ces raisons, les signataires demandent que la procédure de vente des Hôtels Aubriot et Chambellan soit arrêtée et que les deux immeubles restent dans le patrimoine communal et commun à tous les Dijonnais.


Télécharger la pétition en format Word

Télécharger le texte de la pétition et la feuille de signatures en format PDF



Vous pouvez imprimer et renvoyer la pétition à : ARVD - 12 rue du Petit-Potet - 21000 DIJON


Sa diffusion auprès de vos connaissances, amis, commerçants est largement encouragée.


Pour signer en ligne la pétition lancée par l'ARVD, cliquez ICI


Pour plus de renseignements, vous pouvez nous écrire par mail à contactdijonpatrimoine@gmail.com


Eléments d'information concernant la vente des hôtels Aubriot et Chambellan


Le « Bien Public » avait annoncé le 17 octobre 2007 l’éventualité de la vente de l’hôtel Aubriot, situé 34-36 rue des Forges qui avait été légué à la ville par Stephen Liégeard, édifice qui a longtemps abrité la Musée Perrin de Puycousin, dont les collections ont rejoint le Musée de la Vie bourguignonne. Le très vaste ensemble immobilier donnant à la fois sur la rue des Forges et sur la rue Musette est partiellement loué, partiellement occupé par un service municipal et partiellement sans usage. Seules les façades sont aujourd’hui visibles et une vente ne semblait pas a priori priver les Dijonnais de l’accès à un monument. Cependant ce très important et très remarquable hôtel médiéval ne bénéficie d’aucune protection au titre des monuments historiques. C’est pourquoi, au nom de l’Association, j’ai déposé une requête pour obtenir un examen de la situation de cette maison en adressant la copie de la lettre suivante à Monsieur le Directeur des Affaires culturelles de Bourgogne.

Madame Christine Lamarre,

Présidente de l’Association pour le Renouveau du Vieux Dijon,

43, rue Chabot-Charny

21000 Dijon

A

Monsieur le Directeur des Affaires culturelles de Bourgogne

Dijon, le 13 février 2008

Monsieur le Directeur,

J’ai l’honneur d’attirer votre attention sur le sort d’un immeuble du Secteur sauvegardé de Dijon : l’hôtel Aubriot, situé 40 rue des Forges, appartenant à la ville de Dijon, qui souhaite s’en défaire. En dépit de son intérêt majeur, cet édifice n’est pas protégé au titre des Monuments historiques, je me permets donc de vous demander l’examen de sa situation dans une prochaine CRPS.

Plusieurs raisons plaident pour une inscription à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, les voici brièvement résumées. Pour plus de renseignements vous trouverez avec cette lettre les copies des principaux articles consacrés à cet hôtel, d’où j’ai tiré les brèves indications qui suivent.

· C’est une des constructions majeures de l’ancienne rue principale de Dijon (rue Notre-Dame, aujourd’hui rue des Forges) avant que la rue de la Liberté ne soit ouverte. Il est situé au carrefour avec la rue du Bourg, autre axe majeur de la ville. Cette localisation en fait un monument « cible » dans la ville actuelle et un monument sensible, nombre de photographies, cartes postales etc… en témoignent.

· C’est une des plus anciennes constructions de la ville. La forme de la parcelle sur laquelle il est édifié (13x31 mètres), une mention dans un texte du 6 août 1341 comme « li voute des cheanges » permettent de savoir qu’il a du être un bâtiment semi-public destiné aux changeurs, ce dont témoignent encore les éléments retrouvés dans un sous sol semi-enterré, destiné peut-être à servir de passage. De cette époque datent également des éléments de la façade (au premier étage) retrouvés lors des travaux de restauration menés par Stéphen Liégeard en 1908, il y a juste cent ans. Ils étaient assez nombreux pour permettre des hypothèses de datation (1200-1250) et des comparaisons avec les éléments sculptés de la façade de l’église voisine Notre-Dame. Un dessin du XVIIIe siècle atteste de la fidélité de la reconstruction pour cette partie de la maison.

· Des altérations de la façade primitive ont eu lieu lorsque l’édifice est devenu un hôtel appartenant aux Aubriot dont le plus célèbre fut le prévôt de Paris au temps de Charles V qui commença les travaux de la Bastille. C’est sans doute au moment de cette occupation en habitation privée que furent construites les hautes lucarnes dans le style du XVIe finissant. D’autres modifications, encore apparentes, furent occasionnées par l’installation du présidial, tribunal royal de première instance. C’est alors que la façade fut ornée d’un portail toujours en place et que la façade postérieure, sur la rue Musette, fut totalement refaite et ornée d’un fronton qui permettait de reconnaître la vocation publique des lieux. Ces aménagements ont été réalisés vers 1750 sur des dessins de Le Jolivet.

· En 1796 l’ensemble a été vendu à deux négociants qui modernisèrent fortement la façade de la rue des Forges en 1800. La campagne de restauration de 1908 tenta de retrouver un état médiéval, proche de l’original pour le premier étage, nous l’avons dit, sans doute plus éloigné pour le rez-de-chaussée anciennement altéré. Des statues furent rétablies sur le portail XVIIIe siècle, elles tiennent un cartouche aux armes de S. Liégeard, la grande toiture de tuiles vernissées, sont dues à la restauration de 1908, intéressant exemple d’historicisme.

Les qualités architecturales et l’intérêt historique de ce bâtiment sont indéniables. La complexité de son histoire et le caractère composite de la façade de la rue des Forges ne devraient pas être une entrave à la protection, puisque toutes les interventions ont été faites avec grand soin et sont de qualité et qu’elles attestent des reconstructions incessantes dans des villes que l’on a pu comparer à des palimpsestes.

L’hôtel Milsand, voisin de l’hôtel Aubriot, a fait l’objet de campagnes de fouilles qui ont déjà permis de se rendre compte de tout l’intérêt d’un examen archéologique complet dont il serait très souhaitable qu’il bénéficie également (voir articles joints).

Le règlement du secteur sauvegardé de Dijon ne protège pas les intérieurs. Je connais mal cet ancien Musée fermé depuis longtemps et pas du tout la partie louée actuellement, mais les travaux archéologiques et le relevé de la cave entrepris en 1984-1985 ont permis d’établir que le sous sol est constitué d’un seul grand espace voûté à trois travées reposant sur dix colonnes desservi par deux larges escaliers sur les rues des Forges et Musette. On aurait eu là un espace semi-public mettant en relation les deux grandes rues marchandes de Dijon, peu après que la charte de commune ait permis l’essor urbain. Cet espace est un des très rares témoignages d’une architecture urbaine du XIIIe siècle qu’il serait très dommageable de laisser sans protection.

En vous remerciant, Monsieur le Directeur pour l’attention que vous avez bien voulu porter à ce courrier, et en espérant que vous accueillerez favorablement ma demande d’examen de l’hôtel Aubriot par la commission permanente de la CRPS, je vous prie de recevoir l’expression de mes sentiments les plus respectueux.

Cette lettre est jusqu’ici restée sans suite.

J’ai eu l’occasion d’indiquer mon inquiétude et celle de l’Association dans un article du Bien Public le 17 février 2008.

Puis on a appris que l’hôtel Chambellan allait également être vendu par la ville. Là, le préjudice des Dijonnais risque d’être bien plus grand encore. Cet hôtel, propriété de la ville, n’est accessible que par un étroit couloir au bout duquel les touristes avaient la surprise de découvrir avec l’Office de Tourisme une des plus belles cours médiévales de la rue des Forges, principale artère de la ville ancienne, et un remarquable escalier dont la vis se termine par la très célèbre (et unique) figure d’un jardinier dont la corbeille reçoit toutes les nervures d’une voûte remarquablement ornée.

En accord avec la Commission des Antiquités de la Côte-d’Or, une lettre commune a été adressée à Monsieur le Maire de Dijon, en voici le texte :

Association pour le Renouveau Commission des Antiquités

du Vieux-Dijon de la Côte-d’Or



Dijon, le 25 juin.

Monsieur le maire,


L’ordre du jour du Conseil municipal du 30 juin prochain porte « désaffectation, déclassement partiel du domaine public communal et cession » des deux plus belles demeures de la rue des Forges, l’Hôtel Aubriot et l’Hôtel Chambellan.

Présidents de structures vouées, depuis près de deux siècles pour l’une, depuis plusieurs décennies pour l’autre, à l’étude et à la défense du patrimoine local, nous ne pouvons qu’exprimer, non seulement en notre nom propre mais surtout en celui de nos membres et associés, notre profonde inquiétude devant une telle annonce.

L’Hôtel Aubriot et l’Hôtel Chambellan sont deux fleurons de notre patrimoine monumental, auxquels les Dijonnais sont extrêmement attachés. Si la Halle au change est peu connue du public, la façade de l’Hôtel Aubriot s’inscrit dans l’une des perspectives urbaines les plus familières de la cité. Quant à l’Hôtel Chambellan, sa cour, son escalier à clef, sa galerie peuvent être considérés comme un symbole de notre ville.

Ce qui est vrai des Dijonnais l’est tout autant des visiteurs, qui sont très nombreux à admirer ces témoignages de la cité médiévale. Une cession à des particuliers ne pourrait que restreindre l’accès nécessaire à ces sites, qui demanderait au contraire à être développé.

La défense de la mémoire monumentale de Dijon est totalement incompatible avec l’abandon des responsabilités et des devoirs qui incombent en ce domaine aux autorités élues. C’est pourquoi nous tenons à vous exprimer notre émotion devant le projet de cession qui doit être examiné et vous demandons instamment de faire le nécessaire pour y surseoir.

Veuillez croire, Monsieur le maire, à nos sentiments respectueux.


Christine Lamarre, Jean-Paul Thevenot,

Cette lettre est également restée sans réponse.


Ce double silence engendre bien des inquiétudes. Le texte du rapport voté le 30 mai alimente également les craintes. La libre entrée dans la cour de l’Hôtel Chambellan est traitée dans un paragraphe ainsi conçu : « l’acquéreur envisage la restauration de ces deux propriétés communales et leur aménagement en logements, avec la possibilité éventuelle d’accueillir des activités culturelles dans l’hôtel Chambellan, sous réserve du respect des conditions de sécurité. Il est précisé que la cour et l’escalier circulaire extérieur ouest de l’hôtel Chambellan resteraient accessibles au public ». On remarquera l’abondance des conditionnels et des réserves qui finalement n’obligent à rien le futur acquéreur : voyez, pour vous en convaincre, l’article 1 très révélateur dans sa sécheresse. Avant même qu’il ne soit question de la cession des « ensembles immobiliers », il permet à l’acquéreur de faire ce qu’il veut des accès (et d’une éventuelle ouverture) puisqu’il propose « la désaffectation et le déclassement du domaine public communal de la cour de l’hôtel Chambellan, de son accès depuis la rue des Forges et de l’escalier extérieur ouest ». Que vaut un « resteraient accessibles au public » face à ce total abandon ? Faute d’avoir vu les promesses synallagmatiques de vente annoncées dans le même document, on ne peut que craindre la fermeture de la cour demain ou un peu plus tard, au gré de celui qui possédera en pleine propriété cet ensemble remarquable, qui a été si longtemps symbolique de Dijon et qui, rappelons-le, a été restauré, pour la galerie de bois, avec de l’argent public il n’y a pas si longtemps !


Pourtant la ville ne semble pas tout à fait indifférente à son patrimoine : lisez le dernier numéro de « Dijon, notre ville », le n° 205, vous y trouverez un article intitulé : « le label ville d’art et d’histoire : les premières applications » (p.28). Qu’y verrez vous pour illustrer ces « premières applications » : une photographie de la statue du jardinier de l’hôtel Chambellan (bien présent, par ailleurs, dans les documents du dossier de présentation des villes d’art et d’histoire), celui là même que vous ne pouvez déjà plus voir. Allez maintenant à l’hôtel Chambellan, un panneau de contreplaqué (tagué) vous interdira l’accès à l’escalier et aux galeries, comme vous le voyez sur la photographie qui accompagne cet article ! Est-ce du cynisme ? Est-ce une politique digne du label que l’on tente d’obtenir ? Si ces monuments sont représentatifs de Dijon au point qu’on les choisisse pour emblèmes du patrimoine dijonnais dans la revue municipale, pourquoi ne pas placer, dignement, le Centre d’interprétation de l’Architecture et du Patrimoine dans l’un des deux hôtels, voire dans les deux ?L’hôtel Bouchu d’Esterno, pressenti pour l’abriter, est excentré par rapport au trajet le plus largement partagé des touristes, il est situé au bout d’une place dévolue aux bus, aux stationnements des vélos et motos et dont tout l’aménagement est à revoir, il ne convient guère pour ce rôle. N’est-ce pas gâcher des opportunités majeures pour le développement touristique de Dijon que d’abandonner ces deux monuments et leur refuser, avec cette nouvelle fonction, une nouvelle vie au service aussi bien des Dijonnais que des touristes ?


Pour faire partager notre inquiétude et attirer l’attention de tous sur ce choix lourd de conséquences durables, le conseil d’administration a décidé de vous envoyer une pétition que nous souhaitons voir très largement diffusée et signée, car sans vous nous ne pouvons rien, dont voici, à nouveau, le texte :





Lors de sa séance du 30 juin 2008, le Conseil municipal de Dijon a autorisé le maire à vendre à un particulier deux bâtiments situés aux nos 34-36 et 40 de la rue des Forges et 5 rue Musette. Cela n’aurait rien d’anormal si ces bâtiments n’étaient les Hôtels Chambellan et Aubriot, deux des demeures les plus anciennes et les plus prestigieuses du Vieux Dijon.


Les signataires tiennent à exprimer leur totale réprobation face à cette dilapidation du patrimoine historique de la cité.


- Ils refusent que ces deux Hôtels les plus admirés de Dijon, représentant pour de nombreux visiteurs les véritables emblèmes de la ville et de son patrimoine quittent le domaine public. La façade de l’hôtel Aubriot, l’escalier de l’hôtel Chambellan ont été reproduits sur de nombreuses couvertures de livres, brochures et dépliants consacrés à Dijon, il n’y a pas un présentoir de cartes postales où on ne les voie.


- Ils jugent incohérent qu’au moment même où Dijon va obtenir le label « ville d’art et d’histoire », elle se défasse d’édifices majeurs de son patrimoine dont l’un a abrité son Office de Tourisme pendant des années. Il y a là une démission inacceptable, au moment même où la plupart des grandes villes de province considèrent comme un devoir de reconquérir leurs monuments anciens.


- Ils ne croient pas que les promesses de maintenir l’accès libre à la cour et à l’escalier de l’Hôtel Chambellan, tel qu’il se pratique depuis des années au bénéfice d’innombrables visiteurs, soient fiables à long terme. En d’autres temps, un accès avait été promis aux souterrains du Château en échange d’un autre déclassement, on sait ce qu’il est advenu de cette promesse…


- Ils s’inquiètent des atteintes à l’intégrité des structures intérieures que ne manquerait pas de provoquer la transformation des deux Hôtels en immeubles de rapport.


- Ils s’indignent enfin que les dernières volontés de Stephen Liégeard, dont le testament porte legs à la Ville de l’Hôtel Aubriot, soient bafouées.


Pour toutes ces raisons, les signataires demandent que la procédure de vente des Hôtels Aubriot et Chambellan soit arrêtée et que les deux immeubles restent dans le patrimoine communal et commun à tous les Dijonnais.


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Vous pouvez imprimer et renvoyer la pétition à : ARVD - 12 rue du Petit-Potet - 21000 DIJON


Sa diffusion auprès de vos connaissances, amis, commerçants est largement encouragée.


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Pour plus de renseignements, vous pouvez nous écrire par mail à contactdijonpatrimoine@gmail.com