jeudi 4 août 2011

Réaction de l'ARVD à la vente du Cellier de Morimond



En ville, à la fin du mois de juin, c’était la braderie. Le Conseil municipal du 27 juin s’était mis à l’unisson, en inscrivant à son ordre du jour une nouvelle aliénation du patrimoine monumental public de Dijon : celle du cellier de Morimond, derrière la place Emile Zola (1, Cour Madeleine).

Ce bâtiment exceptionnel, inscrit à l’inventaire des Monuments historiques en 1947, avait été acquis par la ville en 1982. Il se distingue surtout par deux baies géminées en plein cintre tout à fait dignes de celles de l’hôtel Aubriot (lui aussi aliéné). Ces fenêtres donnent jour à une belle salle voûtée, vestige de l’ancienne maison de ville de l’abbaye haut-marnaise de Morimond, l’un des plus puissants monastères cisterciens du Moyen-Âge. Au-delà de son intérêt architectural, le cellier de Morimond est donc un écho important du rayonnement médiéval de Dijon, au même titre que le Petit-Cîteaux ou le cellier de Clairvaux. Cette vente surprend car on pouvait penser que la Ville avait pris la mesure de l’importance du patrimoine cistercien en rejoignant la Charte européenne des Abbayes et sites cisterciens lors du Conseil municipal du 31 janvier 2011.

Certes, le lieu était inutilisé depuis longtemps, certes, les Dijonnais ne seront pas directement privés d’un patrimoine auquel ils n’avaient pas accès antérieurement, mais il est regrettable de constater que cette vente est répertoriée dans la rubrique « Action foncière ». Après les pénibles cessions de l’hôtel Chambellan, de l’hôtel Aubriot, de la maison des Cariatides, un autre bâtiment de grand intérêt historique passe en main privée sans que l’on ait été capable de lui trouver un usage au service du public dijonnais.

L’acte de vente du cellier de Morimond n’est pas signé. Seule une mobilisation massive des Dijonnais attachés à un patrimoine qui leur appartient collectivement pourra empêcher la privatisation d’un monument médiéval qui mérite d’être redécouvert, à proximité de l’une des places les plus conviviales de Dijon.

mercredi 3 août 2011

Actualités du patrimoine dijonnais (parues dans le Bulletin N° 52)

Les statues de Dijon (suite…)

Des statues mutilées au jardin de l’Arquebuse

Au début du mois de janvier 2011, dans la nuit du 9 au 10, le groupe de statues des Trois Grâces a été mutilé. Cette sculpture de Louis-Joseph Moreau (1797-1855), abritée sous un petit temple rond, a été réalisée dans la première moitié du XIXe siècle pour le parc du château de Bessey-lès-Cîteaux. Don du chanoine Kir, elle avait été placée dans ce charmant environnement vers 1970. La municipalité de Dijon a porté plainte. (« Bien Public », mardi 11 janvier 2011).

Le Bareuzai restauré

Nous avions signalé dans le numéro 50 du Bulletin (printemps 2010) le sort malheureux de la statue du Vendangeur foulant le raisin de Noël-Jules Girard, place François Rude, victime d’un nettoyage trop intense. La patine été restaurée cet hiver par Antoine Amarger en accord avec le fond national d’Art contemporain et avec la commission interrégionale de restauration des musées de Bourgogne-Franche-Comté. Enlevée en janvier 2011, elle a retrouvé sa place et ses couleurs. Il ne reste plus qu’à restaurer le mufle de lion manquant de son socle.

La statue du duc Philippe-le-Bon

La statue était placée, dans le square des Ducs de Bourgogne, au pied de son logis et de la tour qui porte son nom. Elle est l’œuvre du sculpteur dijonnais et Grand Prix de Rome Henri Bouchard (1875-1960). Le sculpteur, après avoir rendu hommage à Claus Sluter (Cour de Bar), tient à commémorer le « Grand Duc d'Occident », fondateur de l'Ordre de la Toison d'Or, qui ne possède pas de tombeau sculpté comme ses prédécesseurs et dont il ne subsiste aucune représentation dans la ville. Bouchard expose au Salon des Artistes français de 1942 le plâtre de cette statue. L'Etat décide alors de commander la traduction en pierre pour la Ville de Dijon qui l'installe Place des Ducs. Exécutée en pierre de Pouillenay, d'une hauteur de 2,30 mètres, cette représentation originale de Philippe le Bon, caressant son collier de l'Ordre, ne sera installée à cet endroit qu'en 1955. La statue a été déplacée à l’extrémité du square près du pan de mur témoin de la démolition d’une maison de la rue de la Tonnellerie (actuelle place François Rude), l’arbre qui était son voisin a été protégé. Ces opérations provisoires s’expliquent par la nécessité de disposer d’espaces pour le chantier du Musée des Beaux-Arts. Le sort du square reste à définir, nous y reviendrons.

L’adhésion à la Charte européenne des Abbayes et sites cisterciens

Le conseil municipal du 31 janvier 2011 a voté l’adhésion de Dijon à cette Charte qui lie 150 sites européens, devenus en 2010 un « itinéraire culturel européen ». Dijon méritait d’y être représentée pour le monastère des Bernardines, pour les manuscrits de Cîteaux et pour le Cellier de Clairvaux. Bientôt un ouvrage décrira les sites adhérents et Dijon y figurera pour les Musées d’Art sacré et de la Vie bourguignonne (ancien monastère des Bernardines).

Les roseaux et Femme au miroir : deux peintures murales nouvelles, rue d’Auxonne

Elles sont exposées depuis le mois de janvier et ont été inaugurées le 3 mars dernier. La genèse très originale de ces deux réalisations mérite d’être rappelée : en 2007 des membres de l’association du Faubourg Saint-Pierre se mobilisent pour « habiller » le grand mur de l’entrée du Casino. Soutenus par le gérant du magasin, ils sont rejoints par l’Union commerciale Wilson.
Xavier Douroux le directeur du Consortium leur propose alors de devenir « nouveaux commanditaires », une action de la fondation de France qui permet à des citoyens, avec l’aide d’un médiateur culturel, d’entrer en contact avec un artiste contemporain, de dialoguer avec lui et enfin de lui passer une commande. La commission du quartier Chevreul-Parc décide, avec enthousiasme, en juin 2009, d’attribuer une partie de son budget à la réalisation de la future oeuvre. Entre temps le cinéma Eldorado et l’association des amis de l’Eldorado ont souhaité eux aussi exposer une œuvre contemporaine sur leur mur. Xavier Douroux propose alors de jumeler les deux projets en les confiant à un même artiste : Loïc Raguénès, un peintre confirmé qui vit à Dijon. Sa pratique picturale néopointilliste consiste à décomposer informatiquement des photos en leur appliquant une trame de demi-tons, puis à les peindre avec des teintes monochromes légères, accentuant encore la dimension abstraite de l’image.



Femme au miroir (impression sur bâche), installée sur le coté du cinéma Eldorado offre une version cinématographique contemporaine du tableau du Musée des Beaux-arts La Dame à sa toilette. L’Ecole de Fontainebleau présentait le portrait d’une belle inconnue, ici la femme au miroir c’est Nicole Kidman. Installée au 34 de la rue d’Auxonne, la fresque Les roseaux représente, en noir et blanc, au milieu de roseaux, une femme mystérieuse, sans visage. Un mystère qui invite le passant à laisser libre cours à son imagination.
Voulues par ceux qui vivent dans ce quartier, ces deux œuvres en soulignent l’identité culturelle liée à la présence dans la rue de Longvic du FRAC et du Consortium. Une identité qui s’affirmera encore plus en mai lorsque sera inauguré le Pôle d’art contemporain. Nous aurons l’occasion d’en reparler.

De nouveaux lustres à la cathédrale Saint-Bénigne

Posés le 19 décembre 2010, ils ont été commandés par la DRAC à Matali Crasset, designer française, née en Champagne en 1965 ; diplômée de l’Ecole nationale supérieure de création industrielle, elle a travaillé chez Philippe Starck, elle a reçu en 1997 le grand prix du design de Paris pour son œuvre personnelle, puis elle a créé son entreprise en 1998. Son travail est abondant et varié, allant de l’architecture d’intérieur à la création d’objets et de plusieurs luminaires. A propos de Saint-Bénigne, elle écrit :
« Travailler pour un monument historique est un défi passionnant. Travailler la lumière aussi. J'ai envisagé ce projet de création et de réalisation de 12 lustres comme celui d’un équilibriste et d’un passeur, en essayant de poser un fil entre patrimoine et contemporain ; en étant en retrait tout en mettant en valeur, en faisant acte de création, de contemporanéité, mais en restant au service du lieu et de son architecture (édifice cultuel historique dont les origines remontent au XIIIe siècle) et de sa spécificité en tant que lieu de culte accueillant des fidèles et du public.



Le projet se développe selon le cahier des charges dans la nef, le transept et le chœur de la cathédrale : un lustre majeur et onze lustres. J’ai souhaité créer des volumes avec peu de matière, c’est de cette nécessité qu’ait venu l’idée d’un dessin filaire quasi aérien dans lequel la lumière viendrait se réfugier. Lui donner un contenant tout en légèreté. La forme du lustre évoque une forme fluide (goutte) qui vient comme glisser le long de la chaîne et se stabiliser au-dessus des fidèles pour leur apporter la lumière. À l’image de la couronne ou roue de lumière et de l’encensoir qui sont des archétypes des cathédrales et symbolisent les rituels qui unissent les fidèles.
C’est une structure mêlant les formes classiques et contemporaines. Le centre (boîte de verre), comme diffuseur, renvoie dans son principe à des dessins de lanternes du XVIIIe siècle. Il est enveloppé de courbes extérieures au dessin plus contemporain. La lumière n’est magique que si on arrive à lui donner un espace de diffusion tout en subtilité. J’aime la lanterne car elle rappelle la domestication de la lumière, elle est comme contenue à l’état sauvage presque dans le corps qui la diffuse, elle devient espace et se disperse tout autour. Cette lanterne intérieure garde sciemment sa typologie pour mieux nous accompagner dans le temps. Son subtil chatoiement habille les arrêtes et met en valeur les facettes. Un objet presque évident. C’est un projet qui fonctionne sur la duplication, la répétition d’une forme. Répétition d’une même pièce dans l’espace, objet de la commande, et répétition d’un même module permettant de donner naissance à une autre forme. »
Voir http://blog.matalicrasset.com
Les deux grands lustres seront posés en avril 2011.

L’ouverture de l’hôtel Chambellan

Plusieurs d’entre vous se sont étonnés de ne plus pouvoir accéder à la cour de l’hôtel Chambellan, contrairement à ce que prévoyait l’acte de vente du bâtiment. Cette fermeture ne devrait être que provisoire et s’expliquerait par les nécessités du chantier de restauration. Nous souhaitons vivement qu’un affichage l’explique aux passants et surtout qu’une date de réouverture soit indiquée.

Les opalines de la rue Monge

Dans le numéro 46 du Bulletin (1er trimestre 2009) Monsieur Sonnet avait accepté d’évoquer le sort des opalines de l’ancienne charcuterie 26 rue Monge en levées en dépit de leur inscription à l’inventaire des monuments historiques (22 juin 1995). La DRAC a poursuivi le gérant de l’immeuble, et obtenu sa condamnation en première instance (sans que soit ordonnée la repose des opalines), un second jugement en 2010 fait à nouveau l’objet d’un appel. L’affaire reste donc en suspens.

A lire

Dans le Bulletin du CEM (centre d’études médiévales), 2010, n° 14, l’article de Vanessa Hontcharenko « l’hôtel Aubriot à Dijon, Côte-d’Or », p. 25-29. Il rend compte des reconnaissances faites avant les travaux que le nouveau propriétaire entreprendra à l’intérieur de l’hôtel et celui de Christian Vernou et Erica Gaugé « Sondage dans le chapitre de l’abbaye Saint-Bénigne de Dijon », p. 31-34. La revue est accessible en ligne : http://cem.revues.org/index 11499.html.

Dernière minute : la restauration des piliers de la place Wilson

Nous apprenons (14 avril 2011) que les pylones de la place Wilson vont être restaurés à l’identique entre juillet 2011 et le début de l’été 2012. Les pierres seront nettoyées ou remplacées, les pots à feu, œuvres de Dubois, seront reposés à leur emplacement d’origine. Ainsi la place Wilson retrouvera ses ornements les plus anciens, qui connurent une très grande vogue, au point d’être une image emblématique de la ville, si l’on en juge par le nombre considérable des affiches et des cartes postales anciennes qui les représentent. Rappelons que l’ARVD avait attiré l’attention de la municipalité sur l’état alarmant de ces pilastres privés de leurs couronnements depuis plusieurs années (voir l’article du bulletin n° 38, 2ème trimestre 2006), nous avions alors obtenu l’assurance que des travaux de restauration seraient entrepris. Ils le sont cinq ans après, nous en sommes très heureux.

A voir

Une nouvelle présentation pour les pleurants du tombeau de Philippe le Hardi. La salle des tombeaux est actuellement fermée à cause des travaux de rénovation du Musée des Beaux-arts, les pleurants du tombeau de Jean sans Peur sont aux Etats-Unis. La présentation, outre le soin scientifique, se signale par la beauté du résultat qui ferait presque regretter la future remise en place… Le parcours des salles des œuvres médiévales et renaissantes, forcément réduit, confronte le visiteur à de très belles œuvres dont certaines sont familières et d’autres se redécouvrent à l’occasion. C’est donc un autre (et fugitif) musée dont il faut profiter.

Les œuvres d’art contemporain de France Télécom Orange.
A L’occasion du déménagement des locaux de l’entreprise, les œuvres d’art acquises au titre du 1% culturel seront exposées jusqu’en décembre 2011 au foyer de l’Auditorium. Parmi elles, se trouvent une Composition abstraite de Vera Pagava dont nous avons évoqué le travail à Saint-Joseph de Dijon dans de précédents numéros et Outrenoir une huile et acrylique de Pierre Soulages. Cette collection était inconnue du public jusqu’ici, l’occasion de la voir est donc précieuse.

mardi 2 août 2011

Le Bulletin du Renouveau du Vieux-Dijon numéro 52 (2011)



Le Bulletin du Renouveau du Vieux-Dijon numéro 52 est sorti !

Sommaire :

- Publications et cotisations

- Programme du second trimestre 2011

- Actualités du patrimoine dijonnais

- La façade de l'hôpital Notre-Dame de la Charité par Yves Beauvalot

- Quel avenir pour le patrimoine dijonnais par Christine Lamarre


Les bulletins anciens sont disponibles au siège de l'Association au prix de : numéros 13 à 41 : 2 € / numéros 42 et suivants : 4 €

En page de couverture : Détail de la façade de la chapelle de l'Hôpital général - Conception et réalisation : Thérèse et Daniel Dubuisson